Bienvenue sur la quarante-cinquième édition
des jeudis Natura 2000 Garonne en Occitanie
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Restauration écologique à Saint-Nicolas-de-la-Grave : un modèle de préservation de la biodiversité
En 2019, le Conseil départemental du Tarn-et-Garonne s’est engagé à redonner vie à des parcelles autrefois dédiées à l’agriculture et à la production de peupliers dans le cadre d’un contrat Natura 2000. Situé à Saint-Nicolas-de-la-Grave, ce site a pour objectif de créer une mosaïque d’habitats favorables à l’ensemble de la biodiversité et en particulier à l’avifaune. Au travers de cette nouvelle édition, revivez toutes les étapes de cette restauration.
Présentation du site
Ce site de 7.1 hectares proche de la Garonne, était initialement composé d’une parcelle agricole de 3.6 hectares et d’une peupleraie de 3.5 hectares. Jouxté au nord par un affluent du ruisseau de Millole et au sud par le canal de colature de la Garonne ainsi qu’un sentier de halage, le site est inclus dans plusieurs zonages environnementaux :
- Au sein de la Zone de Protection Spéciale (ZPS) de la Vallée de la Garonne de Muret à Moissac, au titre de la Directive Oiseaux de la politique Natura 2000 ;
- Et une partie du site est intégrée dans l’inventaire départemental des zones humides.
Périmètre du site restauré
Aujourd’hui, la volonté du Département est de lui conférer une valeur environnementale forte afin que le site puisse intégrer le réseau des Espaces Naturels Sensibles (ENS) départemental.
Les enjeux et objectifs
La première étape pour mettre en lumière les enjeux sur les différentes parties du site a été de réaliser plusieurs diagnostics écologiques :
- Sur la parcelle agricole, dont la culture a cessé en 2012, plusieurs plantes indicatrices des milieux humides ont été observées, permettant de classer cette dernière comme une mégaphorbiaie et une prairie humide. Cependant, la colonisation progressive par des arbustes entrainent une dégradation de ces habitats.
- La parcelle boisée, quant à elle, n’a plus été exploitée depuis les années 90. Les peupliers ont alors recolonisé la zone, formant un boisement spontané et rendant la présence de bois mort bénéfique pour la biodiversité. Toutefois, la diversité arboricole reste limitée en raison de la dominance des peupliers.
Avant/après des travaux sur la partie prairie
Ce site s’intègre dans un réseau de sites favorables à l’avifaune (l’ensemble des oiseaux d’un lieu), identifiés dans le Document d’Objectif su site Natura 2000 « Vallée de la Garonne de Muret à Moissac » :
- Le plan d’eau de Saint-Nicolas-de-la-Grave identifié comme zone d’alimentation de l’aigrette garzette, de la grande aigrette, du héron pourpré, du balbuzard pêcheur ou encore le combattant varié,
- Une zone de nidification identifiée pour l’aigle botté
- Une héronnière où la reproduction du milan noir, de l’aigrette garzette et du bihoreau est avérée.
La mosaïque des habitats serait ainsi bénéfique comme zone de chasse pour les milans noirs et les aigles bottés mais aussi à tout un cortège de passereaux, d’odonates et autres insectes.
Aigrette garzette. Source : Didier Taillefer / SMEAG - Aigle Botté. Source : Nature en Occitanie
Les actions menées : de l’agriculture à un espace protégé
Les actions montrent la seconde étape dans le processus de restauration. Les premières se sont portées sur la gestion de l’ancienne parcelle cultivée. Des broyages successifs avec export des résidus de coupe ont permis de retrouver progressivement une prairie humide. En bordure du bois, il a également été décidé de laisser monter des zones arbustives afin de densifier la lisière.
Ensuite, des haies champêtres ont été créé afin de cloisonner les espaces et augmenter la diversité du site. Les espèces plantées ont été choisies localement afin d’assurer leurs bonnes implantations.
Enfin, un travail a été mené afin de reconvertir une partie de l’ancienne peupleraie en boisement diversifié de feuillus : sur les 3 hectares de boisement, 2 hectares de bois ont été abattus. Et malgré un broyage des souches, certaines ont été conservées pour leur intérêt dans la préservation des insectes saproxyliques. La dernière étape a été de poursuivre la diversification en plantant un mélange de 1000 arbres lors de l’année 2021.
Avant/après des travaux sur la partie boisée
Quelle évolution pour le site ?
Depuis les derniers travaux effectués en 2021, le site est géré par le Conseil Départemental du Tarn-et-Garonne, dans le cadre de la politique Espaces Naturels Sensibles (ENS) du département.
Les haies champêtres, ainsi que la prairie, continuent de se développer, même si la croissance des arbres plantés a été ralentie notamment par à la forte sécheresse de 2022 et les pressions de broutage exercées par le gibier.
Pour continuer à préserver la biodiversité du site, un projet d’éco-pâturage d’élaboration avec un agriculteur voisin a vu le jour. L’objectif est de mettre en place un éco-pâturage avec des rotations évitant ainsi une pression de pâture qui pourrait nuire au développement de la végétation. Une attention particulière est également portée sur la présence ou non de Galega officinal sur le site, une plante toxique pour les animaux.
Suite à cette restauration, l’objectif est de maintenir ce site ouvert au public tout en éliminant la problématique des déchets sauvages. C’est pourquoi, une barrière a été installée au niveau du parking et des équipements légers d’accueil seront prochainement mis en place. D’autre part, un suivi écologique sera engagé chaque année par la société des sciences naturelles du Tarn-et-Garonne.
Pour aller plus loin :