N°44 - L'orpaillage en été : une tradition réglementée pour préserver nos rivières

Mercredi 31 juillet 2024

Bienvenue sur la quarante-quatrième édition

des jeudis Natura 2000 Garonne en Occitanie
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L'orpaillage en été : une tradition réglementée pour préserver nos rivières

 

 

Qui n'a jamais rêvé d'être chercheur d'or ? En été, l'orpaillage attire de nombreux amateurs au bord de nos rivières. Mais cette activité fascinante reste strictement réglementée en raison de ses impacts sur l’environnement. Plongez dans les spécificités de l'orpaillage en France et en Occitanie, ses impacts environnementaux et la législation qui l'encadre. 

 

Qu’est-ce que l’orpaillage ? 

L’orpaillage est une activité historique de recherche d’or dans les rivières, pratiquée à travers le monde. Lors des épisodes de crues ou de fontes glacières, les rivières et la glace peuvent venir arracher des fragments de roches, et notamment d’anciens filons d’or. 

Crédit : Unsplash

 

Grâce à sa densité, l’or s’accumule dans les dépressions des cours d’eau. L’orpaillage consiste à repérer ces zones d’accumulation et venir l’extraire. 

 

L’orpaillage en France 

En France, il est encore possible de trouver des paillettes d’or.  Les 3 grandes zones où l’or est davantage présent sont la région pyrénéenne, la région autour du Massif central et la région du Massif armoricain. Mais toutes les régions ne bénéficient pas des mêmes conditions. La législation française règlemente très fortement la recherche d’or dans certains territoires en raison des abus de chercheurs illégaux observés en Guyane. 

 

L’orpaillage n’est pas autorisé dans l’ensemble des départements français et nécessite du matériel spécifique. Par exemple, l’utilisation de produits chimiques est strictement interdite avec des sanctions pouvant aller jusqu’à 75 000 euros d’amendes et deux ans d’emprisonnement (Article L216-6 du Code de l’Environnement). De même, les barres à mines qui peuvent endommager les berges et le lit mineur des cours d’eau sont aussi interdites. 

 

Les seuls outils autorisés sont ceux non mécanisés : 

  • La batée ou le pan qui permettent de séparer par gravité les éléments ; 
  • Un tamis pour séparer les différents graviers, sédiments ; 
  • Une pelle pour récupérer les matériaux ;
  • La rampe à orpaillage qui utilise la force du courant pour séparer les éléments ; 
  • La pompe à main qui aspire les éléments et les éjecte du seau. 

 

   

Le prélèvement au Pont du Diable, sur l'Ariège, des granulats ne se faisant pas dans la partie immergée du lit mineur.

Crédit : MIGADO

 

Les impacts et les menaces de l’orpaillage sur le milieu naturel 

Les impacts environnementaux de l’orpaillage viennent d’une méconnaissance des milieux dans lesquels cette activité se pratique et du nombre de pratiquants. Les cours d’eau sont des lieux de reproduction et d’alimentation importants pour l’ensemble des poissons mais aussi des amphibiens, des insectes ou des mammifères aquatiques et semi-aquatiques. Creuser dans les sédiments des rivières peut endommager notamment les frayères, lieu de reproduction des poissons. 

 

Une autre problématique particulière, notamment sur le Salat, est rencontrée : les groupes d’orpailleurs amateurs. Leurs activités peuvent causer des dégâts. Il est possible de retrouver les berges et bancs de graviers totalement retournés, impactant des habitats naturels classés majoritairement Natura 2000. Les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène en faisant la promotion, souvent mensongère, de l’orpaillage, favorisant les surfréquentations ponctuelles dans des secteurs sensibles. 

 

La Salat en automne près de Mane en Haute-Garonne

Crédit : Didier Taillefer - SMEAG

 

La législation dans les départements de l’Ariège et de la Haute-Garonne 

Afin de limiter les impacts liés à cette activité, sur les départements de l’Ariège et de la Haute-Garonne, un travail collaboratif a été mené entre les associations naturalistes, les fédérations départementales des pécheurs, les services de l’Etat et la fédération des orpailleurs. Ces échanges ont permis d’aboutir à une réglementation précise au travers d’arrêtés préfectoraux. 

 

Ainsi, l’orpaillage est interdit sur tous les cours d’eau de 1ère catégorie piscicole*. Seuls le Salat, de la confluence avec le Lez jusqu’à la confluence avec la Garonne, et la Garonne, hors 1ère catégorie piscicole et hors réserve naturelle régionale, sont autorisés. La période de prospection doit se tenir en dehors de celle de reproduction des poissons, ce qui l’autorise du 1er mai au 31 octobre. Mais l’activité peut être suspendue lorsqu’il y a des restrictions provisoires de l’eau. 

Avant de se rendre sur le terrain, les orpailleurs amateurs doivent faire une demande auprès des services de la Direction Départementale des Territoires afin d’indiquer les lieux qu’ils souhaitent visiter et le nombre de personnes participantes. Un compte-rendu de la sortie doit être envoyé dans les 15 jours suivants la sortie. 

 

Cette législation a permis le contrôle de la pratique afin de limiter les impacts sur les milieux naturels. Cependant, les réglementations départementales sur la pratique sont différentes. Il convient de se renseigner auprès des départements avant de se lancer dans la quête de l’or. 

 

*Cours d’eau peuplés majoritairement de salmonidés (truites, saumons, etc…) soumis à une réglementation spéciale 

 

 

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