N°51 - Les Espèces Exotiques Envahissantes

Jeudi 3 avril 2025

Bienvenue sur la cinquante-et-unième édition

des jeudis Natura 2000 Garonne en Occitanie
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Les EEE, témoins et coupables de la dégradation des milieux naturels

 

 

Que sont les Espèces exotiques envahissantes appelées les EEE ? En quoi leurs présences entrainent la détérioration des milieux, une disparition des espèces autochtones et donc une baisse de la biodiversité. Cette édition des « Jeudi Natura 2000 » va se concentrer sur les raisons de leur développement, leurs impacts sur les milieux de Garonne et les actions à mettre en œuvre dans les programmes de gestion

 

Qu'est-ce-qu'une Espèce exotique envahissante ?

 

On entend par Espèce exotique envahissante, une plante ou un animal, introduite de manière volontaire ou non par l’Homme, dans un territoire différent de son territoire d’origine. Elle est catégorisée comme envahissante lorsqu’elle arrive à s’implanter dans ces nouveaux milieux et supplanter les espèces locales présentes, entraînant des déséquilibres dans la biodiversité locale.

 

L’ensemble des espèces exotiques envahissantes ont des caractéristiques communes comme une large amplitude écologique (elles supportent aussi bien des périodes d’inondations comme des épisodes de sécheresse, des zones d’ombrage comme le plein soleil), dissémination ou reproduction en grand nombre et très rapide ou encore un comportement souvent opportuniste, ce qui les rend fortement compétitrice par rapport à d’autres espèces autochtones.

 

Raisons de leurs développements

 

Depuis la mondialisation, l’Homme, au travers de ses déplacements, a augmenté le phénomène de dissémination des espèces, en emmenant des plantes et des animaux avec lui pour son alimentation (tomates, pommes de terre, maïs…) ou pour ses loisirs (chat en Nouvelle-Zélande, les lapins en Australie, etc).

 

                                                            

 

Toutes les espèces n’ont pas la capacité de se développer, sans l’aide de l’homme, sur ces nouveaux territoires. Certaines d’entre elles peuvent s’implanter individuellement, sans jamais se reproduire, d’autres ont des capacités d’adaptation et de développement beaucoup plus importantes leurs permettant de s’installer dans ces nouveaux lieux.

 

Cela est d’autant plus vrai dans les milieux fragilisés par les activités humaines et ayant des difficultés à fonctionner correctement. Par exemple, les rivières françaises, comme la Garonne, ont été profondément changée dans leurs fonctionnements par les activités humaines : extraction de galets et sables, endiguement dans les zones urbaines pour se protéger des crues, reprofilage des cours d’eau pour avoir des terrains géométriques, etc. Toutes ces actions ont entraîné un déséquilibre de fonctionnement, ne permettant pas aux végétations et aux animaux locaux de se développer correctement et de prendre toute la place qu’ils devraient.

 

Ces dysfonctionnements laissent des espaces libres, dans lesquels les EEE peuvent facilement s’implanter et se développer. Ces phénomènes sont accentués par le changement climatique : la modification du régime hydrologique des cours d’eau, du taux d’humidité ou encore des températures.

 

Quelles conséquences ?

 

Il faut savoir que les EEE sont l’une des 5 raisons principales de l’effondrement de la biodiversité. En effet, à partir du moment où les EEE sont installées, elles provoquent des déséquilibres très importants dans les milieux autochtones. Par exemple, la Renouée du Japon, grande plante herbacée vivace, est connue pour sa capacité à se développer rapidement et à coloniser de vastes étendus, ce qui entraîne une compétition directe avec les espèces indigènes. Cette compétition peut réduire la biodiversité et perturber les chaînes alimentaires locales. Le Robinier faux-acacia, quant à lui, est une espèce pionnière qui enrichit les sols en azote, favorisant ainsi son propre développement au détriment des plantes locales. Cet arbre est capable de coloniser une large gamme d'habitats, des milieux secs aux zones proches des eaux bien drainées.

 

C’est pourquoi, il est nécessaire d’intervenir pour éviter leurs propagations.

 

Quelles actions de contrôle possible ?

 

Pour s’assurer d’endiguer la colonisation des EEE et d’éviter une détérioration plus rapide de nos milieux, plusieurs méthodes sont utilisées : la prévention, des actions de restauration des milieux et des actions directes contre les espèces.

 

La prévention passe par la sensibilisation auprès du public :

  • S’assurer lorsqu’on achète des plantes pour son jardin qu’elles ne font pas parties des plantes exotiques envahissantes comme l’Herbe de la pampa ;
  • Ne pas vider le contenu de son aquarium dans les cours d’eau, pour éviter la propagation des plantes ou espèces aquatiques ;
  • Ne pas relâcher dans la nature des plantes ou des animaux non originaires de France, comme les tortues de Floride.

 

Pour les actions directes, les gestionnaires ont dû expérimenter différents types de travaux, car ils étaient confrontés à de nombreuses difficultés. Par exemple, les plantes aquatiques envahissantes ont mis en place une technique de dissémination très efficaces avec le bouturage ; dès qu’un morceau est arraché, il est capable de développer des racines, lui permettant de s’implanter dans les nouvelles zones selon le courant. Dans le cadre de chantiers de traitement de ce type de plantes, il est donc nécessaire que les gestionnaires procèdent à des arrachages manuels et mettent en place des filtres pour récupérer les morceaux de plante qui leur échapperaient.

 

                                                               

                                                                            Foyer de renouée - Commune de St-Laurent - juin 2024

 

De nombreuses autres techniques ont été développées au fil du temps pour s’adapter à chaque espèce. Cependant, plusieurs d’entre elles ont un impact limité dans le temps et elles sont souvent coûteuses, C’est pourquoi, il est nécessaire d’avoir des milieux naturels fonctionnels et en bon état, favorisant l’expression de la biodiversité favorables au développement des espèces locales concurrençant ainsi les EEE. En effet, il a été prouvé que lorsque des sites naturels fonctionnent correctement, il est plus difficile à une espèce exotique de s’y implanter.  Une bonne connaissance et une bonne gestion de son territoire permettent aux gestionnaires d’être réactifs lors de l’apparition d’un nouveau foyer et d’effectuer la sensibilisation la plus pertinente auprès du public mais aussi des élus.

 

Ces actions couplées avec de la prévention permettent de protéger au mieux la richesse des espèces présentes sur notre territoire.

 

Prise en compte des EEE dans les contrats Natura 2000 - exemples en Nouvelle-Aquitaine

 

La commune de Saint-Laurent en Lot-et-Garonne s’est engagée dans un contrat N2000 en 2017 visant à restaurer un atterrissement de 3 Ha en lit mineur de Garonne et sa ripisylve. Parmi les actions envisagées, l’arrachage de la Jussie à grande fleur a été réalisée sur les secteurs à enjeux (à proximité d’une roselière), de façon manuelle et enterrée à l’aval du site. Les actions de végétalisation et scarification de l’atterrissement visant à remobiliser les sédiments ont eu un effet bénéfique sur la paspale à deux épis qui avait colonisé le site. En 2025, la commune souhaite renouveler l’opération et s’engager dans un nouveau contrat.

 

 

L’Agglomération d’Agen s’est également engagée dans un contrat Natura 2000 sur la commune du Passage d’Agen visant à restaurer une mosaïque d’habitats humides en bord de Garonne dont une saulaie arborescente et une roselière à enjeu. Dans cette ripisylve, des EEE ont été contactées principalement des érables négundo et robiniers faux-acacia. Au regard de la répartition des EEE, une stratégie visant à préserver les secteurs à enjeux a été adoptée. Seuls les robiniers faux-acacia ont l’objet d’un cerclage à l’automne, lorsque la sève redescend. Le cerclage / écorçage est une méthode visant à rompre la circulation de sève et laisse l’arbre mourir sur pied progressivement afin d’éviter les rejets. Il s’agit d’une méthode efficace sur certaines essences et peu couteuse donc fortement utilisée par les gestionnaires d’espaces naturels. Cette technique est à renouveler 1 à 3 années afin d’obtenir un résultat optimal. Sur ce site, certains arbres montrent déjà des signes de faiblesse malgré un seul passage. C’est pourquoi, l’Agglomération d’Agen souhaite renouveler son engagement dans un contrat N2000 en 2025 afin de poursuivre les travaux de lutte contre les invasifs engagés.

 

 

Saurez-vous les reconnaître ?

 

Venez tester vos connaissances dans un quizz sur les EEE que l'on peut retrouver le long de la Garonne.

 

Pour en savoir +  

Page de l'OFB dédié : https://www.ofb.gouv.fr/les-especes-exotiques-envahissantes

Centre de ressources sur les EEE : https://especes-exotiques-envahissantes.fr/

Focus Occitanie : https://eee-occitanie.org/
 

Notre site ressources documentaires lagaronne.com
Le site du SAGE Garonne sage-garonne.fr
Syndicat Mixte d'Études & d'Aménagement de la Garonne
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