Suite aux informations parues sur le projet Hercule, Georges Méric, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, Thierry Suaud, président du Syndicat départemental d’énergie de la Haute-Garonne et Jean-Michel Fabre, président du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne, ont adressé un courrier au Président de la République pour solliciter l’organisation d’une large concertation publique concernant l’indépendance énergétique et la gestion de la ressource en eau.
" Monsieur le Président de la République,
Des informations parues récemment dans plusieurs media viennent jeter Ie trouble sur Ie devenir du secteur hydroélectrique frangais.
II semblerait en effet qu’en se pliant aux injonctions de la Commission européenne I’ouverture la concurrence de nos barrages hydroélectriques construits par la puissance publique pourraient prochainement voir ieur gestion confiée au plus offrant et sans garantie que Ie cahier des charges de concession soit adapté aux enjeux de demain.
Ces deux dernieres années nos différentes collectivités ont, plusieurs reprises, fait part de leurs inquiétudes et ont interpelé le gouvernement sur l’avenir des reserves en eau dans la perspective d’une ouverture la concurrence des concessions des barrages. Cinq ans apres la Cop 21, ce renoncement de la puissance publique la maitrise de l’eau et de l’énergie serait un bien mauvais signe donné tous ceux qui font de la question du réchauffement climatique une priorité.
Alors que le projet Hercule de privatisation de certaines missions d’EDF se fait sans débat public, nous ne pouvons que constater avec grande inquiétude le manque évident de transparence vis-a-vis des citoyens dans lequel se trouve aujourd’hui l’avenir des concessions hydroélectriques, c'est-a-dire la ressource en eau et ses usages pour nos territoires.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne est, en effet, fortement engagé, aux cotés de l’Etat et de nombreuses collectivités sur la question de Ia maitrise de la ressource en eau face au changement climatique. C’est ainsi que dans le cadre du projet de territoire Garon’Amont un panel citoyen souhaité que nous renforcions toutes les actions permettant que la gestion des ressources en eau demeure dans Ie domaine public. Par ailleurs, la ou EDF est gestionnaire de longue date, nous avons mené ces dernieres années des discussions fructueuses qui, titre d’exemple, ont récemment permis d’augmenter de plus de 30% les volumes mobilisables en cas de sécheresse majeure.
Nous attirons votre attention sur le fait qu’avec plus de 12% de la production électrique du pays, les barrages offrent une source d’énergie renouvelable disponible tout moment, qui permet d‘assurer une continuité d’offre électrique face aux pointes de consommation ou aux intermittences de production de l’éolien et du solaire. Cette spécificité est d’autant plus précieuse dans le contexte actuel ou RTE n’écarte pas I’éventualité de recourir cet hiver des coupures d’électricité programmées sur le territoire national, en cas de vague de froid.
Outil essential de Ia transition énergétique, l’hydroélectricité est par conséquent une énergie propre, renouvelable et stockable, pour laquelle notre pays doit rester Ia pointe. Bien de premiére nécessité, I’électricité dont I’accessibilité est essentielle toutes et tous, n’est pas un produit quelconque d’autant plus que les barrages nécessitent un engagement sans faille en matiére de sreté et d’entretien.
Nous considérons qu’aujourd’hui il n’est plus possible :
- de préparer notre territoire au changement climatique en ouvrant la concurrence des concessions au risque de déstabiliser des équilibres et la cohérence de l’ensemble d'e la gestion de la ressource en eau;
- de réaliser des investissements dans les infrastructures alors méme que I’avenir de ces concessions est incertain et qu’il se négocie sans solliciter l’avis des collectivités locales et des citoyens;
- de prendre le risque de confier nos barrages des opérateurs peu soucieux de leur impact sur nos territoires et davantage portés privilégier Ia rentabilité court terme au détriment de l’adaptation du territoire au changement climatique.
A l’appui de nos legitimes interrogations, nous sollicitons donc votre intervention Monsieur le President, pour favoriser l’organisation d’une large concertation publique afin d’éclairer les citoyens sur les choix gouvernementaux en matiere d’indépendance énergétique et de gestion de la ressource en eau dans un contexte de changement climatique. ll nous parait qu’un débat sur ce dossier, éminemment stratégique pour l’avenir et l’indépendance énergétique de notre pays, aurait le mérite d’éclairer les élu-e-s des territoires, les salaries des entreprises concernées, mais surtout I’ensemble des citoyens sur les choix gouverneme
Nous vous prions de croire, Monsieur le President de la République, l’assurance de notre haute consideration. "