La lamproie marine (Petromyzon marinus) est un agnathe, c’est-à-dire un vertébré aquatique à respiration branchiale sans mâchoire et écailles mais avec une grande ventouse, ce qui la différencie des autres poissons.
Sa taille peut varier de 50 cm à 1,2 m et son poids de 700 g à plus de 2 kg en fonction de son stade de vie. Elle se distingue de sa cousine, la lamproie de rivière (Lampetra fluviatilis) qui possède une taille deux fois plus petite, une robe non marbrée et un disque buccal présentant un moins grand nombre de « dents ».
Les adultes ont une bouche en forme de ventouse. Durant leur vie marine, les lamproies vivent fixées sur des poissons tels que les aloses ou les saumons (vie parasitaire) en utilisant leur ventouse buccale pour se coller à leur peau. Leurs dents peuvent râper la peau et les écailles et pénétrer la chair du poisson. La lamproie peut ensuite aspirer les fluides de la chair du poisson parasité, sa salive contenant des anticoagulants. Il se peut parfois que les victimes meurent d'une perte excessive de sang ou d'infection.
Animal migrateur, la lamproie marine se déplace en passant une partie de son cycle de vie en mer, le long du plateau continental ou près des côtes, jusqu'au moins 110 m de profondeur, puis remonte les fleuves et rivières pour venir se reproduire en eaux douces, comme les saumons.
C'est une espèce amphihaline dont la vie alterne entre l’eau douce et l’eau salée. En l’état actuel des connaissances, ce poisson ne remonterait pas préférentiellement dans son cours d’eau de naissance.
Elle est ainsi présente sur toute la façade atlantique mais aussi en Méditerranée.
Linéaire colonisable de la lamproie marine sur la Garonne (source : Observatoire Garonne)
« La lamproie marine est une espèce migratrice puisqu’elle remonte de l’océan Atlantique pour se reproduire en rivière », explique Anne Soulard, Chargée de missions au sein de l’Association MIgrateurs GAronne DOrdogne Charente Seudre (MIGADO) depuis 2002.
Ce poisson migrateur remonte vers la fin de l’hiver jusqu’au début du printemps dans les cours d’eau aléatoirement pour se reproduire de mai à juin-juillet lorsque les débits sont plus faibles et la température de l’eau tempérée. « Nous sommes actuellement en plein dans sa période de reproduction » ajoute la chargée de missions à MIGADO.
Les femelles ont une fécondité importante (200 000 œufs/kg, avec un poids moyen adulte de 1 à 1.5 kg). Les adultes construisent, dans des zones courantes, des nids à l’intérieur desquels les œufs sont enfouis. Ils meurent après la reproduction. Les jeunes larves, appelés « ammocètes » vivent durant 3 à 7 ans enfouies dans des dépôts de sable et de limon. Elles se nourrissent en filtrant les micro-organismes pour avoir plusieurs stades de métamorphoses et rejoignent l’océan Atlantique pour devenir adultes et y rester durant 1 à 2 ans.
Le stade lamproie adulte est caractérisé pour être un parasite grâce à ses dents, absentes au stage larvaire.
Voici le film repro lamproie : https://we.tl/t-xxfE6WWZ4t: (source : Anne Soulard, MIGADO)
« L’espèce est primitive, elle n’a pas évolué dans le temps », informe Anne Soulard. « On pense qu’elle a côtoyé les dinosaures ! ».
Jusqu'à présent, les paléontologues avaient recueilli deux spécimens, de 330 et 125 millions d'années (Ma). Cet animal qui ne possède aucun os est rarement retrouvé fossilisé. Pour cela, il faut que l'environnement soit anoxique (sans oxygène), que la conservation se soit opérée avant que les tissus se dégradent.
La créature de la lamproie est connue de l'humanité depuis l'Antiquité. De nombreux peuples mangent ce poisson depuis des milliers d'années, car sa chair est très nutritive et savoureuse. Les anciens Romains considéraient les lamproies et les anguilles comme un mets délicat. En Europe, seuls les citoyens riches pouvaient se permettre de tels poissons. La lamproie est dangereuse pour l'Homme si elle est consommée en permanence. La mort du roi Henri Ier d'Angleterre lui est directement liée, car il aimait les plats à base de poisson et en mangeait en grande quantité, et la chair de lamproie est assez grasse.
Ancienne illustration antique de gravure Français : pêche de la lamproie (source : getty images)
La lamproie marine reste un animal mystérieux car il peut être comparé à un vampire par ses capacités à sucer le sang de ses hôtes…
La lamproie marine fait partie de la liste rouge UICN des poissons d’eau douce menacés de disparition en France métropolitaine.
Selon Anne Soulard, depuis 2012, il y aurait une présence nulle voire très faible de l’espèce au niveau des stations de contrôle de Golfech (Occitanie amont). Par exemple aucun franchissement comptabilisé au 20 juin 2022 à la station de contrôle de Golfech.
Carte des stations de contrôle de la lamproie marine (source : MIGADO)
Pour aller plus loin :
- https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf-especes/Lamproie_marine-P.marinus_2015.pdf
- Tableau Liste rouge Poissons d'eau douce de France métropolitaineOKcreator (uicn.fr)
- Petromyzon marinus Linnaeus, 1758 - Lamproie marine-Présentation (mnhn.fr)
La lamproie marine est donc très peu présente au niveau des sites Natura 2000 de la Garonne amont et aval Occitanie. Néanmoins on pourra noter sa présence qui persiste encore au niveau des cours d’eau de la Nouvelle Aquitaine.
Ammocètes dans un filet (source : photo MIGADO)
La lamproie marine est un agnathe migrateur qui vit alternativement entre l’eau douce et l’eau salée. Elle vit plusieurs années sous forme de larve dans les sédiments des cours d’eau. Cette espèce migratrice qui peut vivre jusqu’à 9 ans est inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France depuis 2019. Comme tous les migrateurs, ses populations sont menacées par de nombreuses causes, principalement la dégradation de ses habitats et les obstacles à sa migration.